(Le 11 Septembre)
Cela fait six ans aujourd’hui. Bien que la ville semble vivre normalement, je devine que l’attaque du World Trade Center est dans beaucoup de têtes. Comment pourrait-il en être autrement ?
Ça a commencé ce matin quand j’allais chercher mon premier cappuccino de la journée. Mon amie Shilat, la propriétaire du charmant café au bas de mon immeuble, me demande où j’étais ce jour-là, avant de se rappeler que je ne vivais pas encore à New York. Alors c’est elle qui m’a raconté.
Le matin du 11 Septembre 2001 Shilat était dans un hôpital dans l’Upper West Side car son mari devait se faire opérer. Par chance, il était programmé tôt dans la matinée. Quelques heures après, il n’est pas certain qu’il eût trouvé quelqu’un pour s’occuper de lui.
Puis elle me raconta comment le directeur de l’hôpital est passé d’étage en étage, de service en service, pour expliquer avec sobriété que si certains patients pensaient pouvoir se passer de soins dans l’immédiat, il serait bon qu’ils laissent leur place.
Plus tard dans la journée, à l’université, mon amie Mary Jeys nous racontait à moi et à d’autres étudiants comment elle se sentait proche de la nausée depuis le matin. La surabondance de sujets diffusés à la radio et à la télévision avaient passablement assombri son humeur.
Cette année, le 11 Septembre est un jour nuageux et pluvieux. Très gris. J’ai lu dans les journaux que certaines personnes, parents et proches des victimes, ne voulaient pas être heureuses aujourd’hui, ne voulaient pas écouter les conseils les exhortant à passer le cap, à avancer. Ils ont sans doute été bien aidés par ce ciel qui semblait pleurer toutes les larmes de son tumultueux corps.
Sinon New York is New York. Dans le métro, beaucoup de Juifs étaient plongés dans leurs livres de prières, en préparation de la célébration, demain, de Rosh Hashanah (le Nouvel An juif). Une femme Noire arborait fièrement une étoile de David dorée en pendentif.
Le reste du spectacle est similaire à celui de tous les jours : un florilège de races, de genres, d’âges, de styles. Toutes et tous dégageant la fascinante impression d’accomplir jusqu’à la dernière goutte cette drôle de chose qu’on appelle la Vie.
Un Restaurant:
Max, sur l'Avenue B entre East 3rd et East 4th.
Un italien très bon et pas cher. Vous me direz il y en a un plus d'un. Pas faux. Celui-ci a la particularité d'avoir une arrière-cour déguisée en ruelle napolitaine, avec linge étendu au-dessus des tables. Les entrées sont très copieuses et délicieuses, et si les plats et pâtes sont ceux qu'on attend de tout bon resto italien, les "Rigatoni al Ragu (My Father's Style)" méritent d'être mentionnées. Peut-être à la catégorie "Qu'est-ce que c'était bon. Où est-ce que je peux faire la sieste?"
Un Lieu Musical:
Smalls, au croisement de West 10th St et 7th Avenue (www.fatcatjazz.com).
La petite cave à Jazz comme on l'imagine: un peu cracra, peuplée d'afficionados dont la moitié ont l'air d'insomniaques discutant avec Dieu, et où le whisky est toujours bon. Une sélection toujours excellente, et des sets qui finissent bien après à minuit.
Une Photo:
La vue de mon toit au petit matin. Avril 2007.